Depuis 1995, date à laquelle j'ai obtenu le D.N.S.E.P. je m'investis
dans différentes expositions : chez Damien Bourdaud 2005 " LOVE
", 2004 " BORDERLINE ", 2003 " SCHOWBEDROOM " ; Au
TEMPLE DU GOUT 2003, 2001 ; Au BLOCKHAUS DY10 2001 ; AU BEAUX - ARTS de Rennes
2000 ; Dans mon appartement privé 1994
.
Je m'intéresse à la reproduction de l'espèce animale ou humaine et à leurs similitudes, à la multiplication des êtres vivants et leur prolifération, à l'hybridation entre l'homme et l'animal et en quelle mesure l'homme est-il animal ? Je porte un intérêt au cycle de la vie. Comment l'infiniment petit rejoint l'infiniment grand. L'aspect biologique des êtres vivants est présent dans mon travail, qu'est ce qu'une matière, une substance ? (D'où la vision de certaines cellules en macro). Puis d'une manière plus psychologique, je m'interroge sur la mémoire de l'enfance (qui fait partie intégrante de chacun d'entre nous, de façon plus ou moins consciente) et les symboles qui la représentent. J'intègre aussi des croyances irrationnelles tels les rites sacrés (voir la vidéo " le mutant ").
Depuis plus de vingt ans je photographie.
Tout d'abord je mettais en scène des objets qui, pour moi, avaient un
intérêt tout particulier.
Je considère comme étant ma première photographie "
crime d'aimer ".Elle n'est autre qu'un mélange de symboles de petits
sujets qui, comme les mots d'une phrase, s'assemblent afin de raconter une histoire
: celle d'un amour meurtri.
Depuis ces trois dernières années, ce ne sont plus des objets
que je photographie, mais des personnages bien réels me confrontant ainsi
à d'autres difficultés.
Tout d'abord les modèles doivent acceptés d'être mis en
scène, de manière artificielle : " femmes-enfants ",
" l'homme animal " pour, dans un deuxième temps, capter l'instant
réel avec la série " les hommes fluorescents ". Avec
ces agents de maintenance, un contact tout différent s'instaure : celle
de l'image photographique comme " volée " dans l'instant.
La rue est ainsi devenue mon nouvel axe de recherche ainsi que mon appartement. Je traque le fluorescent dans la ville.
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La série de 2006 intitulée " Hommes fluorescents " emploie
des signes urbains, ceux qui font de la ville un espace à déchiffrer
sans, pourtant que le sens apparaisse immédiatement ; un peu comme une
errance dans la grande forêt primitive pourrait confronter quelqu'un qui
s'y est perdu à la nécessité de trouver des repères,
à celle d'organiser des systèmes de signes dont la signification
sera vitale
Ce qui alors m'a attirée, c'est la manière dont
l'espace va se disposer autour de fluorescences qui créent l'étrangeté
mais une étrangeté dont on est obligé de tenir compte,
qu'on ne peut pas éviter de voir et qui est à la fois une forme
de beauté et un rappel des dangers. La multiplication de ces signes urbains
crée un milieu mouvant puisque ces fluorescences, on les trouvera sur
le sol, sur les panneaux mais aussi transportées par des agents de maintenance,
des policiers, des cyclistes, des objets
Le résultat, c'est l'apparition
d'une étrange population qui se serait développée, comme
certains animaux, certains insectes, en transportant avec soi une espèce
de luminosité avec laquelle chacun de ses membres ferait corps en transformant
le monde qui l'entoure
C'est d'ailleurs ce qui m'a toujours
intéressée dans la photographie telle que je la pratique depuis
quelques années
. Il s'agit de lumière et d'ombre
La
confrontation des deux réussit à faire apparaître ce qui
nous est habituellement caché, comme un passage de fantômes que
l'appareil aurait réussi à capter mais
pas nos yeux, ou bien comme le scintillement d'un gigantesque soleil à
l'autre bout de l'univers impossible à apercevoir d'ici, ou, au contraire,
une cellule rendue visible en macro alors que nous sommes incapables de la distinguer
autrement
Ainsi, dans des séries que j'ai proposées entre
2001 et 2007, l'infiniment petit ne
s'oppose plus à l'infiniment grand, l'enfant peut faire corps avec son
doudou ou la chair avec les formes qui s'y superposent. Le travail sur le cadrage
et celui sur la couleur est destiné à produire un trouble en créant
l'incertitude sur le statut des objets que la photographie présente :
animé ou inanimé, animal ou humain,
naturel ou inventé
?
L'utilisation des couleurs fluorescentes me sert, dans cette perspective, à renouveler la perception de l'environnement quotidien et des corps, un peu comme lorsqu'on se retrouve au milieu de gens qui dansent transformés par la lumière. Avec elles tout va redevenir substance avant qu'apparaissent de nouvelles formes par hybridation, par germination, par réaction à la manière dont un révélateur aurait permis de suivre un processus chimique. Ce qui m'intéresse en effet, pour mes photographies, pour mes installations et mes dessins, c'est de faire jouer entre elles ces formes qui peuvent surgir et s'effacer dans les cycles biologiques, qui peuvent se combiner entre elles pour donner des chimères ; qui peuvent aussi effrayer ou créer du désir. On est là entre l'animal et l'humain ou plutôt face à l'animalité de l'humain. Les deux vidéos que je présente aujourd'hui peuvent être vues comme les célébrations ritualisées de telles mutations. Quant aux deux séries de travaux photographiques, elles montrent une distinction qui va se trouver travestie par les objets, les traces peintes, les pièces de vêtements modifiant la simple nudité des corps ; ou bien cette distinction sera au contraire exacerbée par les projections de peinture. Ces deux séries sont conçues pour interroger nos conceptions du genre, le masculin, le féminin, l'entre-deux. Pou cette exposition, j'ai choisi de les confronter à l'installation de quarante neuf poupées distribuées sur un mur afin d'y construire une installation murale ; poupées vaudous piquées au cur, elles forment une prière pour que deux êtres aimés se rapprochent jusqu'à se rencontrer. Là encore il s'agit de combiner la familiarité avec l'étrangeté.